Perles des élèves, des parents, des collègues, anecdotes, tout y passe !

Perles des élèves, des parents, des collègues, anecdotes, tout y passe !!!

Professeur des écoles, le "plus beau métier du monde" dit-on! Le métier rêvé des enfants.
Pour y arriver : quelques années d'études, un concours plutôt difficile (si si!) et une formation très insuffisante.

A travers les "VDM" des élèves (en hommage au désormais célèbre site web), ce blog raconte le quotidien d'un jeune prof qui débute dans le métier.

mercredi 29 juin 2011

Derniers jours...

Il y a quelque chose d'assez étrange quand on vit les derniers jours d'une année scolaire.
Vous avez rendu les livrets scolaires, le programme n'est pas bouclé (tiens, c'est étonnant), il vous reste deux ou trois jours de classe avant les grandes vacances.

Cette dernière semaine de classe est assez particulière.
Pour ma part, n'ayant pas suffisamment d'ancienneté, je ne peux prétendre un poste définitif dans cette école. J'ai donc fais des pieds et des mains pour reconduire mon poste dans cette école, ne serait-ce que pour une année supplémentaire.
Je devrais avoir la réponse demain. Nous verrons.
Quoiqu'il en soit, c'est avec le coeur serré que je m'apprête à quitter mes élèves, mes collègues, les lieux ... vers une école inconnue, une classe inconnue, des collègues inconnus.

C'est d'autant plus déchirant qu'en salle des maîtres, la vie continue. Mme Dubois prépare déjà la rentrée prochaine, Mr Morin range sa classe, Mme Grouin passe des commandes de matériel, et Mme la Directrice rédige des projets pédagogiques...
Sans vraiment être parti, vous vous sentez déjà "rejeté" par l'arrivée des nouveaux.
- Ils viennent dans votre classe pour faire un inventaire rapide du matériel.
- Ils parlent de changer les meubles de place.
- Ils vous demandent des papiers administratifs, éventuellement vos projets...

De votre côté, vous regardez vos élèves dessiner, jouer, discuter entre eux. Vous vous asseyez à votre bureau et vous commencez à refaire un énième bilan de votre année, votre première année, passé avec eux. Vous vous rappelez de l'attention d'un élève, du crépage de chignon avec la maman d'un autre, l'enthousiasme des enfants quand vous avez annoncé la sortie à Paris.
Bon, vous vous rappelez aussi : des punitions, des vols, des bêtises, des bobos, des "il m'embête", des heures passées à corriger des âneries, de vos gueulantes etc..
On dit souvent que les élèves vous oublient vite. C'est vrai, mais ces petits êtres vous montrent régulièrement leur respect et l'affection qu'ils ont pour vous. Et si on réfléchit bien, ils vous le montrent quotidiennement même si vous n'y prêtez pas toujours attention.

Les parents aussi, s'apprêtent à vous dire au revoir. Chacun à sa façon de faire
- Il y a ceux qui vous remercient infiniment après le spectacle de fin d'année.
- Il y a ceux que vous ne voyez jamais et qui viennent pour la première fois au portail de l'école pour vous dire "merci".
- Il y a ceux qui vous font parvenir une délicate attention par l'intermédiaire de leur enfant qui a , pour l'occasion, appris le petit texte de remerciements par coeur. Maman lui a bien dit de ne rien oublier.
- Il y a ceux que vous sourient. Cela suffit.
- Il y a aussi ceux qui s'en foutent complètement.

Et il y a ceux qui ont beaucoup d'humour :
Ce matin, j'étais entrain de faire le tri dans mes classeurs. Plongé dans ma paperasse, je n'avais vu l'élève toute timide qui attendait désespérément devant mon bureau, une joli paquet dans ses mains, maladroitement enveloppé dans du kraft.

"Maître, c'est un cadeau pour vous. Ma mère dit que c'est une bouteille de vin pour vous saouler vendredi soir pour fêter les vacances"

Comme je le dis, chacun à sa façon de faire.

mercredi 22 juin 2011

Charles Perrault a 400 ans - la suite!

- "Comment s'appelle l'auteur du conte "Barbe Bleue""

- Réponse d'un élève : "Jean-Pierre Pernaut"

mardi 21 juin 2011

Mais où est donc Ornicar?

Beaucoup d'entre vous se souviennent certainement de cette petite phrase.
Une phrase mnémotechnique facile qui permet de retenir aisément les conjonctions de coordination : ces petits mots-outils que l'on utilise pour coordonner les éléments d'une phrase.

Avec mes élèves, la phrase est retenue. En revanche, le message n'est pas toujours bien passé :

- "Mais.... Maître, tu as oublié une conjonction de coordination!"

- " Es-tu sûr? Je ne crois pas!"

- "Ben si! Il en manque une!"

- "Mais non écoute : "Mais où et donc or ni car". Il y'en a sept!"

- Ben non maître, on dit : "Mais ou et donc passé or ni car!" ......... ça fait huit...


dimanche 19 juin 2011

Les mers allemandes

- Comment s'appelle le plus grand port européen?

- Réponse d'un élève : "Doberman"

samedi 18 juin 2011

L'Education sexuelle.

Les programmes de l'Education  Nationale. Il est complet, pas toujours très clair, mais très détaillé.
C'est un peu le mode emploi de tout prof qui débute.
Personnellement, j'ai adoré enseigner les sciences cette année.
Cette année nous avons étudié l'astronomie, le corps humain etc...

Certains collègues ont eu beaucoup moins de chance! Car en regardant leur programme, ils ont vu cette petite ligne qui paraissait portant inoffensive :

"CM2 : Reproduction de l'Homme et éducation à la sexualité"

Aïe!
C'est donc à ce moment précis que les enseignants dévoilent en salle des maîtres, leur véritable personnalité! Plutôt ouvert? Plutôt coincé?
Vous rougissez dès que vous entendez le mot "pénis"?
Vous changez de sujet quand un élève vous demande "Comment on fait les bébés?" (Le coup de la bouteille de lait de fonctionnera pas, on vous aura prévenu)
Pire, vous vous énervez quand une élève raconte l'accouchement de son petit frère?

Dans ce cas, oubliez l'éducation sexuelle et choisissez un autre niveau de classe! Choisissez plutôt le CE2 et sa reproduction des plantes!

Mais alors comment aborder ce sujet si délicat qu'est la reproduction de l'Homme?

En général, le jour-J,  les enseignants adoptent un look plutôt décontracté. Il prévoit sa petite serviette éponge pour essuyer quelques gouttes de sueur qui feraient malencontreusement leur apparition.
Il découpe soigneusement une trentaine de petits bouts de papier et dit :
"Je vais tenter de répondre à toutes les questions que vous vous posez. Je vous donne un morceau de papier sur lequel vous allez rédiger, de façon anonyme, une question."

C'est alors qu'au mois de juin (on attend en général la dernière période pour aborder ce sujet), vous verrez vos collègues de CM2 débarquer le sourire aux lèvres en salle de maître.
Vous dégusterez votre petite salade composée quand tout à coup une voix forte, celle de votre collègue de CM2 se fera entendre :
"Qui veut lire les questions sur la sexualité?"

Voici donc (je sais que vous l'attendiez tous) un petit florilège des questions posées.
Dans la série "les questions mignonnes"
- Sommes-nous obligés de faire des enfants?
- Est-ce que faire un enfant, ça fait mal?
- Est-ce que faire un enfant c'est sale?
- Pourquoi certaines femmes achètent-elles la pilule? Elles n'aiment pas les enfants?

Dans la série "c'est mignon mais il y a du boulot"
- Dans quelle pharmacie peut-on acheter la petite graine?
- Comment font les cigognes pour porter les bébés lourds?
- Pourquoi ma grand-mère fait-elle pousser des choux alors qu'elle est trop vieille pour avoir des enfants?

Dans la série "je sais des choses mais je fais semblant de ne pas comprendre"
- Pourquoi le pénis grossit-il parfois?
- Pourquoi les spermatozoïdes font-ils la course?
- Pourquoi l'ovule n'accueille qu'un seul spermatozoïde?

Dans la série "questions existentielles auxquelles il sera difficile de répondre"
- Pourquoi les femmes font parfois semblant de crier quand elles font l'amour?"
- Pourquoi les parents ne veulent pas toujours savoir si c'est garçon ou une fille?

C'est alors que d'un seul coup, sans même demander aux élèves, vous devinerez qui, parmi eux, ont des grands frères.
Dans la série "Je suis trop petit pour savoir tout ça"
- Quand les femmes lèchent le pénis de l'homme, que font-elles?
- Pourquoi les hommes mettent-ils leur sexe dans l'anus de la fille?
ou pire :
- Pourquoi certains parents se battent quand ils font l'amour?

Tout à coup, le sujet est beaucoup moins drôle.
La salade composée, elle, n'est pas passée.

dimanche 12 juin 2011

Les fiches de préparation

"De toute façon, vous, les profs, vous vous plaignez tout le temps mais vous ne travaillez que 24 heures par semaine!"

Cela pourrait effectivement être vrai si :
- Le travail se prépare tout seul
- Les élèves ne font jamais de fautes (donc pas de correction)
- Les élèves ne sont jamais évalués.
- Les réunions pédagogiques, les RDV parents/profs, les conseils d'école, les conseils de cycle, les conseils des maîtres.... sont interdits.

"Oui mais euhh... (n'a pas d'autre argument)...c'est pas tous les jours!"

C'est vrai! Les réunion et es conseils, ce n'est pas tous les jours!. Mais nous avons bien pire : LES FICHES DE PREP!

A l'heure où notre gouvernement prône l'écologie à tout bout de champ, au Ministère de l'Education Nationale, ce temps n'est toujours pas arrivé. Et oui, on nous demande encore de remplir des papiers inutiles!

Mais alors qu'est-ce qu'une fiche de Prep ?
Il s'agit tout simplement de la description précise et détaillée d'une séance d'enseignement. Elle sert à anticiper, penser, prévoir sa séance dans les moindres détails : durée, compétence enseignée, modalités de travail, documents distribués, traces écrites au tableau, bilan de la séance...
Bref, une fiche de prep = une demi-heure de travail supplémentaire dont on se passerait bien!

Vous allez me dire "Mais vous n'êtes pas obligés de les faire!"
Officiellement si ! (deux par jour), Officieusement non! Je veux dire par là que peu d'enseignants les font.
Pour ma part, j'ai cessé d'en faire à partir du moment où j'ai cessé d'être "surveillé". Quand vous débutez, il est vrai que faire ses fiches de prep peut s'avérer utile :
En effet, lors d'une visite ou d'une inspection : vous devrez les montrer. Si elles ne sont pas faites au fur et à mesure, à vous les veillées nocturnes où vous devrez les rattraper (ce qui n'aura plus aucun intérêt car vos séances ont déjà été faites en classe!)

Le véritable problème de ces fiches de prep, c'est le temps que l'on perd à les faire. Honnêtement, je ne dis pas qu'elles sont inutiles ; mais perdre une heure par jour de son temps libre à remplir des fiches, vous avouerez que ça fait quand même réfléchir.

Avec un peu d'expérience, vous vous rendrez vite compte que les fiches de prep sont un sujet un peu tabou dans le milieu enseignant. Les inspecteurs, eux, font sans doute la sourde oreille. Ils insistent pour que nous les fassions mais ils savent bien, au fond, que c'est peine perdue!
Ce qui est encore plus drôle, c'est qu'il s'agit d'un document personnel ; c'est à dire qu'il doit être utile pour sa propre expérience. C'est l'assurance d'une séance réussie car elle a été réfléchie, pensée et analysée à l'avance. Cette fiche,pour résumer, permet d'éviter l'improvisation.
Un document personnel donc.
Alors la question est ouverte : pourquoi la hiérarchie est-elle si stricte et si protocolaire avec ces fiches de prep? Pourquoi avons-nous l'obligation de les faire? Quelque chose m'échappe.

Je pense vraiment qu'imposer aux enseignants une méthode travail (car c'en est une) n'est pas quelque chose de très malin. Imposer, c'est se confronter au refus. La liberté pédagogique de chaque enseignant est-elle pour autant atteinte? Peut être. Le résultat, c'est que les profs ne s'approprient pas ce document car ils ne voient en lui qu'un reflet de la volonté de l'Inspecteur, et non pas un document de travail.
Du coup, pour résumer, peu d'enseignants font leurs fiches pour eux-mêmes.
La plupart d'entre nous, ne font des fiches que lorsque l'Inspection est imminente!

En début d'année, sachant que j'allais être "visité", je me devais donc de faire quotidiennement deux fiches de prep par jour. Le couteau sous la gorge, je perdais une heure de mon temps par jour et 45 euros de cartouche d'encre par mois dans la réalisation de ces fiches.
Le jour de ma dernière visite, je confie à la conseillère pédagogique un énorme classeur de fiches de prep, fruit de tout mon travail. Ce n'était pas sans fierté.

Alors je repose ma question : pourquoi la hiérarchie est-elle si stricte et si protocolaire avec ces fiches de prep?

Quelque chose m'échappe car :

Elle n'a jamais ouvert mon classeur.

samedi 11 juin 2011

La fin de l'année

Il y a quelque chose de très intéreressant dans ce métier : c'est son aspect cyclique.
Tout est ordonné, cadré et organisé de façon temporelle.

Et oui, si on observe bien : nous fonctionnons (verbe spécial prof) de façon répétée tout au long de notre carrière.
Il y a trois heures par demi-journées de classe
Il y a deux journées dans une journée d'école
Il y a quatre jours de classe dans une semaine.
Il y a entre cinq et neuf semaines dans une période
Il y a cinq périodes dans une année scolaire
Il y a deux ou trois années par cycle d'apprentissage
Il y a trois cycles dans l'enseignement primaire
etc...


Nous arrivons à la fin de l'année scolaire.
Les élèves de CM1 auront subi le 4 juillet :
- 288 heures de français
- 180 heures de maths
- 108 heures de sport
- 54 heures d'anglais
- 78 heures de sciences
- 78 heures de culture humaniste (arts, histoire de l'art)
- 78 heures d'histoire géo
Pour un total de 864 heures d'enseignement.

Gloups

Vous avez dit "c'est énorme!"
Détrompez-vous, ça passe très vite!
La lourdeur des programmes fait peur et l'enseignant se laisse très vite déborder.
C'est pour cela qu'en fin d'année, un phénomène très particulier fait son apparition chez les enseignants ; un phénomène psychologique ponctuel  dont les premiers symptômes font surface vers le mois de mai. je parle bien sûr du "Coup de pied aux fesses"!

En salle des maîtres, certaines phrases typiques se font entendre :
- "Plus qu'un mois, et j'ai même pas commencé les nombres décimaux!"
- "La remise des livrets est dans trois semaines, qu'est-ce que je vais mettre dedans!"
- "Quand je pense à toutes les évals que je vais devoir corriger"
- "Et Lucie elle ne sait toujours pas lire"

En cours de récréation, les enseignants en service de surveillance en profitent aussi :
- "Nous sommes en mai et tu ne sais toujours pas que les toupies Bey Bled sont interdites!"
- "RANGEZ-VOUS, je le dis depuis le début de l'année, c'est quand même pas compliqué!"

En classe, vous sentez déjà une sorte de relâchement, les élèves sont fatigués.
Mais un autre phénomène, plus agréable celui-là, fait son apparition en fin d'année : la prise de conscience que vos élèves ont grandi.
- Non, vos élèves ne mettent plus vingt minutes pour sortir leur ardoise.
- Oui, vos élèves ont compris qu'il fallait lever le doigt pour prendre la parole.
- Il faut désormais une demi-heure pour une leçon de français et non plus une heure et demi.
- Vos élèves ne vous demandent plus si il faut souligner en bleu ou en rouge.
- Oui, vos élèves pensent à écrire leur prénom sur leurs copies.
- Vos élèves n'ont plus envie d'aller aux toilettes cinq minutes avant la récréation.

Et toutes ces petites choses qui paraissent pourtant anodines, vont vous permettre de réaliser pour la première fois, une chose qui, jusqu'ici vous paraissait impossible : vous asseoir à votre bureau!

La fin de l'année, une période éphémère qui ne durera pas (car il faudra tout recommencer à la rentrée)
Malheureusement, toute cette chaîne de bonheur sera brisée un beau jour de juin lorsqu'un élève viendra à votre bureau, tout penaud, et vous glissera un doux secret dans l'oreille :

"Maître, .................................... je crois que j'ai fais pipi............."