Perles des élèves, des parents, des collègues, anecdotes, tout y passe !

Perles des élèves, des parents, des collègues, anecdotes, tout y passe !!!

Professeur des écoles, le "plus beau métier du monde" dit-on! Le métier rêvé des enfants.
Pour y arriver : quelques années d'études, un concours plutôt difficile (si si!) et une formation très insuffisante.

A travers les "VDM" des élèves (en hommage au désormais célèbre site web), ce blog raconte le quotidien d'un jeune prof qui débute dans le métier.

lundi 20 décembre 2010

La remise des livrets scolaires

ou "Comment transformer une classe en cabinet médical"

Dans certaines écoles, comme la mienne, la remise des livrets scolaires se remet chaque trimestre, en main propre aux familles. C'est l'occasion de recevoir dans votre classe, les parents de vos trente élèves le temps d'une soirée.
Une soirée où votre classe deviendra une sorte de cabinet médical. Vous êtes le medecin qui annonce les bonnes et les mauvaises nouvelles. L'ambiance change, elle devient très "officilelle". Les élèves sont très tendus, les parents aussi. Vous encore plus.
Dès 16h30, vous avez installé avec précautions, une dizaine de chaises dans le couloir, transformé pour l'occasion en salle d'attente. Sur la porte de la classe, vous avez affiché avec soin, l'ordre des rendez-vous.
- L'objectif de l'enseignant est de réussir à recevoir trente familles en une soirée, sans prendre du retard sur les heures données. Autrement dit, un rendez-vous ne doit pas dépasser la durée exceptionnelle de cinq minutes.
- L'objectif pour les parents : vous poser un maximum de questions en essayant d'être la famille pour laquelle vous allez faire l'exception et ainsi dépasser les cinq minutes règlementaires.
- L'objectif pour les élèves : se taire.
16h45. Les premières familles sont là. Elles sont de bonnes humeurs : elles passent en premier, elles n'ont pas patienté. Vous ouvrez la porte de la classe, vous appelez la famille au pas de la porte tel un medecin. Les parents rangent leur magazine tel des patients. Vous leur serrez la main tel un medecin et les invitez à venir s'asseoir. Les patients accompagnés de leur enfant attendent le bon diagnostic et les bons médicaments. Vous leur parlez de choses qu'ils ne comprennent pas toujours (un medecin quoi!).
Et ce mécanisme va se répéter à trente reprises. Comme les medecins, vous rencontrerez des parents différents :
- Les parents chiants qui vous tiennent comme seul responsable des mauvaises notes de leur enfant.
- Les parents qui vont vous féliciter et vous offrir la petite boîte de chocolat qui va bien.
- Les parents qui vont attendre désespérement la moindre faille de votre part pour vous la faire remarquer.
- Les parents qui vont vous confondre avec une assistante sociale : "vous savez pour nous, ce n'est pas facile en ce moment..."
- Les parents qui ajusteront la liste du père noël en fonction du livret. L'enfant vous regarde avec pitié.
- Les parents qui vont vous expliquer votre métier.
- Les parents qui profiteront de ce rendez-vous pour vous demander si vous faîtes grève.

Et puis vous rencontrerez des situations moins habituelles :
- L'enfant qui rentre seul, sans ses parents. Ceux-ci ont préféré faire les courses.
- Les parents qui sont catastrophés par les notes de leur enfant alors qu'elles sont excellentes
- Les parents qui sont contents du livret scolaire alors que les notes sont catastrophiques.
- Les parents qui sont mécontents du livret, les notes sont en effet décevantes mais vous apprendrez le lendemain que la mamie a glissé un billet de 50€ à la gamine pour la féliciter.

Et puis vous rencontrerez des moments où vous vous sentirez bien seul :
Une famille arrive : papa, maman et les huit enfants. Chrono en main, cela ne doit pas dépasser cinq minutes.
Durant tout ce temps, vous allez expliquer à la maman que son fils ne travaille pas, qu'il rêve en classe, qu'il est insolant et bagareur. La maman vous écoute attentivement, elle semble tomber à la renverse. Mais non, à la fin du rendez-vous, elle vous glissera un petit mot timide :


"Yé né parl pas lé françé"

dimanche 19 décembre 2010

Les visites (2)

Vous l'avez donc compris, les professeurs des écoles sont évalués plusieurs fois et ce, durant deux ans : la première année, en tant que stagiaire, les visites s'orientent vraiment vers une évaluation dont le but est la titularisation en fin d'année. La deuxième année, vous êtes (normalement) titulaire, les visites sont là pour vous donner des conseils pratiques.

Retour sur l'an passé :
Mes visites ne se sont pas toujours bien passées. J'étais dans une école maternelle. L'équipe était assez âgée et expérimentée. Il a fallu trouver sa place : vous êtes professeur des écoles stagiaire, vous remplacez un enseignant une journée dans la semaine. L'équipe vous réserve un accueil très moyen : vous êtes débutant, vous n'avez jamais mis les pieds dans une classe, vous n'avez pas d'expériences, vous êtes donc forcément un boulet pour eux.
Pour ma part, je remplaçais le directeur de l'école le lundi. En effet, dans mon école, le directeur avait une classe. Il était déchargé de celle-ci une journée dans la semaine pour faire son boulot de directeur (paperasse et compagnie).
L'intégration au sein de l'équipe ne s'est jamais faite. En tant que stagiaire, vos connaissances sur le métier sont neuves, on vous a appris une certaine façon d'enseigner, une méthodologie neuve que les anciens ne comprennent pas. Il y a donc un fossé entre les "vieux" enseignants et les "jeunes".
Quand je vous dis que je n'étais pas accepté en voici quelques exemples : lors de mes trois visites, l'équipe (pour ne pas dire le directeur) a tout fait pour que mes visites ne se passent pas comme prévu.

1ere visite (mois d'octobre) : Cela fait un mois que vous enseignez et vous voulez en mettre plein la vue à l'IMF qui vient vous voir. Mais vous n'avez aucune expérience, vous ne savez pas ce qui est "bien" et ce qui ne l'est pas. La visite se déroule sur une matinée. L'IMF s'asseoit au fond de la classe et vous observe. J'avais prévu une séance de "sport" sous forme d'ateliers de motricité sur le thème "courir, sauter, lancer".
La veille au soir, j'avais installé le parcours de motricité dans la salle prévue à cette effet. Personne pour vous aider à déplacer les éléments du parcours parfois très lourds. Tant pis. Vous passez donc une bonne heure à préparer votre parcours. A la fin, vous êtes satisfait. Vous vous dîtes que l'IMF prendra en compte la motivation et le temps de préparation. Elle verra que vous êtes un enseignant consciencieux qui prépare ses journées avec méthode.
Le lendemain, l'IMF est là. Il est 8h30, vos élèves arrivent dans la classe. A partir de ce moment là, vous faîtes attention à tout ce que vous entreprenez, tout ce que vous dîtes. 9h. Il est l'heure d'emmener vos élèves dans la salle de motricité. Vous avez hâte que les élèves et l'IMF découvrent le parcours que vous installez à la sueur de votre front. Mais lorsque vous ouvrez la porte de la salle : plus de parcours, la salle demeure vide.  Vous apprendrez plus tard, que votre directeur a tout rangé car le parcours "gênait".
Une semaine après, vous recevez votre rapport de visite : Avis Insuffisant. (rapport qui soulignera le manque de préparation de vos ateliers, un comble!)

2e visite (mois de janvier) : Les relations avec l'équipe ne s'arrangent pas. Votre directeur vous prévient que votre deuxième visite aura lieu ... le lendemain. "J'ai reçu le mail pour votre visite il y a quatre semaines mais j'ai com-ple-te-ment oublié de vous le dire, hi hi hi!!!" Vous commencez à paniquer, vous aviez prévu une petite soirée sympa ; tant pis pour vous, vous la passerez à bosser.
Le lendemain, vous arrivez à l'école les yeux rougis de fatigue,vous avez passé la nuit à préparer votre visite "imprévue". Dès votre arrivée, vous vérifiez que tout est là et que rien n'a bougé. Vous ne voulez quand même pas reproduire les mêmes erreurs que la dernière fois! Cette fois, vous vous dîtes que tout va bien se passer. Mais non, votre directeur a plus d'un tour dans son sac ! Aussi, rien que pour vous embêter, il profitera de votre visite pour accueillir tous les parents dont les enfants entreront en petite section la rentrée suivante. Des parents angoissés à l'idée de scolariser pour la première fois leur premier enfant. Par conscience professionnelle, le directeur proposera donc à chaque famille une petite visite guidée de l'école.
Pendant ce temps là, vous êtes dans votre classe, tout se passe bien, votre IMF retrouve son sourire. Cela ne durera pas. A partir de 9h, vous allez voir votre porte s'ouvrir toutes les 5 minutes (sans frapper évidemment). La porte ouverte, le directeur est là accompagné d'une famille, elle crie : "ET VOICI MA CLASSE DE MOYENNE SECTION !" . Les élèves et l'IMF sursautent. La porte se referme en claquant. Ce stratagème se reproduira toutes les cinq minutes avec une famille différente. Vous étiez en atelier lecture (ambiance bougie et histoire qui fait peur), vos élèves étaient concentrés, silencieux. En l'espace d'une fraction de seconde, vos élèves se suivent plus, ils crient, certains pleurent. Vous n'arriverez plus à les canaliser. La séance est fichue. Vous apprendrez plus tard, que le directeur s'est abstenu de faire visiter les autres classes. Seule la votre a subi cela.
Une semaine après, vous recevez votre rapport de visite : Avis Insuffisant. (rapport qui soulignera le manque de gestion des élèves, un comble!)

3e visite (mois de juin) : La fin de l'année approche, vous êtes plus fort que jamais? Vous êtes plus expérimentés qu'en début d'année. Depuis le mois de janvier, les "crasses" de votre directeur sont de plus en plus imaginatives bien que puériles. Aussi, à Pâques, il aura détourné les boîtes de chocolat offertes par les parents qui vous revenaient. Il ne vous invitera pas au déjeuner de l'équipe de fin d'année. Tant pis. c'est alors que vous apprenez par hasard que votre troisième visite est prévue pour la semaine prochaine. Cette fois, ce n'est pas un IMF. C'est le conseiller pédagogique représentant l'inspecteur qui vous vient vous évaluer pour vous titulariser. Si cette visite est un échec, vous pourrez dire adieu à la belle carrière qui vous attendait. Le matin de la visite, vous êtes évidemment stressé à l'idée de savoir ce que votre directeur vous a concocté pour aujourd'hui.
8h30 passe, 9h passe, 10h passe, 11h passe. tout va bien. C'est louche. La matinée se termine. Vos élèves sont en atelier peinture. Les mains sales et la blouse sont de rigueur. Lorsque tout a coup, vos espoirs s'effondrent en l'espace d'une fraction de seconde lorsque l'alarme incendie se déclenche. S'agit-il d'un exercice? Vous n'êtes pas au courant. Pourtant en fin d'année, vous êtes prévenu lorsqu'un exercice est prévu. Sans paniquer, vous prenez votre registre d'appel, vous rassemblez vos élèves et vous sortez dans la cour. Le conseiller pédagogique a l'air furieux. Vos élèves sont distraits, bruyants, effrayés. Certains hurlent, d'autres sont effrayés. Vous réussissez à les calmer tant bien que mal, vous les comptez, ils sont tous là. heureusement. 11h20. Il reste 10 minutes avant l'arrivée des parents. Votre séance est fichue.
A 11h30, vous savez qu'un entretien avec le conseiller pédagogique vous attend. Votre carrière est entre ses mains. Mais étrangement, à 11h30 pas de conseiller pédagogique, vous êtes seul dans la classe.
Vous apprendrez plus tard que l'exercice incendie était prévu pour le lendemain, que tout le monde était au courant, sauf vous, et que le directeur s'est fait incendié (c'est le cas de le dire) par le conseiller pédagogique dès 11h30 car il n'a pas fait son devoir vis à vis de vous.
Une semaine après, vous recevez votre rapport de visite : Avis Satisfaisant. (rapport qui soulignera votre efficacité dans l'exercice incendie "malgré un contexte difficile", un comble...pour le directeur!).

J'ai appris quelques mois plus tard que mon directeur fut inspecté par notre cher Inspecteur accompagné... du conseiller pédagogique. La note du directeur fut inférieure à celle obtenue lors de son précédente inspection, ce qui est très rare.

Je gagne toujours.

samedi 4 décembre 2010

Les visites (1)

Si on fait un rapide sondage chez les enseignants, on se rend compte qu'ils détestent être observés par des adultes lorsqu'ils enseignent. C'est plutôt paradoxal puisqu'être enseignant c'est être écouté et regardé toute la journée.

En tant qu'enseignant débutant, nous avons des "visites" en classe plusieurs fois par an.

L'an passé, j'étais alors "professeur des écoles stagiaire", j'ai été visité à quatre reprises durant l'année scolaire. L'objectif de cette année était la titularisation donc pas de faux pas! Mais alors qu'est-ce qu'une visite et en quoi cela consiste?

La visite d'un enseignant stagiaire, c'est tout simplement son évaluation! Une personne vient vous observer en classe et vous évalue. La différence avec l'inspection, c'est que vous n'êtes pas encore titulaire donc vous pouvez être éjecté!

Vous pouvez être visité par deux types de gens : les maîtres-formateurs (IMF) et les conseillers pédagogiques.
- Les IMF sont des professeurs des écoles très expérimentés qui ont passé un diplôme supplémentaire au cours de leur carrière : le CAFIPEMF. Ce diplôme leur donnent le droit de former les jeunes lauréats du concours d'instit. Ils donnent donc des cours à l'IUFM. Ce sont les profs des profs. En plus des cours, ils viennent observer les stagiaires dans les classes trois fois dans l'année et , à la manière d'une inspection, leur attribue une note.
- Les conseillers pédagogiques ne dépendent pas du tout de l'IUFM. Ils travaillent à l'inspection et sont là pour donner des conseils ou pour aider des enseignants dans la mise en place de gros projets pédagogiques.  Eux aussi viennent vous visiter dans vos classes. Ils viennent observer un stagiaire une fois (en fin d'année scolaire), et lui attribue une note. Cette visite est très importante car le conseiller pédagogique représente l'inspecteur. La note attribuée décide de la titularisation du stagiaire.

L'année dernière, j'étais stagiaire. J'ai été visité quatre fois. Je me rappelle de la boule au ventre : ces gens qui arrivent dans vos classes, s'assoient au fond de la classe, un regard de marbre et une expression on ne peut plus neutre. Il restait dans la classevune demi-journée. C'est long une demi-journée. Vous manquiez de sommeil et vous aviez hâte que ce soit terminé.
A l'issue de la phase d'observation, vous aviez un entretien ou l'on vous disait tout ce qui était négatif (on vous disait rarement ce qui était positif).
Quelques jours après, vous receviez un rapport de visite de plusieurs pages sur lequel figurait des appréciations. On vous évaluait sur 10 critères :
- Agir en fonctionnaire de l'Etat de façon éthique et responsable
- Maîtriser la langue française pour enseigner et communiquer
- Maîtriser les disciplines et avoir une bonne culture générale
- Concevoir et mettre en oeuvre son enseignement
- Organiser le travail en classe
- Prendre en compte la diversité des élèves
- Evaluer les élèves
- Maîtriser les techniques de l'information et de la communication
- Travailler en équipe et coopérer avec les parents et les partenaires de l'école
- Se former et innover

Pour chaque critère, on vous avait attribué une appréciation :
- très insuffisant (--)
- insuffisant (-)
- satisfaisant (+)
- très satisfaisant (++)
ainsi qu'une appréciation générale du même type.

(la suite prochainement)

mercredi 1 décembre 2010

9 ans, l'âge de raison

- "Au Moyen Âge, qui habitait dans les abbayes?"

- Hypothèse de Bertrand : "Les abeilles?"

- Réaction de Lucie : "Ben non, ce sont les moines!"

- Réaction de Bertrand : "ah comme dans la pub : "Chausssssssséééé aux moiiiiiiines!"